L`Heure du Thé vous invite : Les hommes passent mais Haïti demeure
Il était cinq heures du matin, Haiti m`a doucement réveilléen me chuchotant à l`oreille '' Avant que commencent le…
Posted by Mike Joseph on Saturday, February 17, 2018
Il était cinq heures du matin, Haiti m`a doucement réveillé
en me chuchotant à l`oreille » Avant que commencent le bruit et les tribulations quotidiennes,
viens, lève toi, je t`emmène faire un tour dans ma vie ;
arrivera un temps où tu diras aux hommes que l`heure de ma délivrance a sonné,
qu`ils se préparent à recevoir l`époux qui viendra me délivrer de mon éternel fardeau,
qu`ils ne désespèrent point ».
» Regarde, les gens ont peur de m`enlever le manteau de la honte.
Il m`a été annoncé que toi, tu seras le messager de ma libération,
que par toi je trouverai mon époux ».
» Mon Île aux quatre vents,
prise dans le tourbillon des valses ténébreuses,
entre le voisin ennemi et les ombres prédateurs
est devenue le refuge des expatriés de tous les horizons.
Ceux qui m`ont enchaînée, m`ont tellement abusée,
voulant faire de moi une prostituée, j`ai crié plus fort que l`orage,
qu`un éclair au grand jour a crée tant de vagues
que notre mer menaçante a emporté leurs barques.
Orpheline de naissance, en lutte contre le temps
je suis toujours la proie des fauves et des chacals
Je ne veux plus être seule, à la merci de ces dieux batards.
Ils seront tous broyés le jour de ma vengeance
et justement livrés aux gardiens de leur propre fournaise
ainsi qu`a la vindicte comme jugement méritoire ».
Souvent accoudée et pensive, je crie mon désespoir
à ne pouvoir trouver jusqu`à présent, jusqu`a cette heure
parmi tant d`hommes, un amant, un époux
qui prendrait cette cuirasse pendue à mes genoux
et me redonnerait l`esprit qui jadis m`occupait.
Parmi tant de femmes, je cherche des bras
qui garantiraient mon genre et ma sexualité,
mon anneau naturel, d`où vient tout mon courage
mon dernier cri de douleur et ma grande espérance. »
Dans un réveil brutal, regardant dans toutes les directions, elle finit par fixer ses yeux hagards vers un point qui donne l`impression que quelqu`un arrive à grand pas. Ce n`était pas une vaine intuition. Effectivement, une silhouette à l`allure d`un Quasimodo, anxieux et prêt à faire sonner toutes les cathédrales du monde, écartant fenouils et parasites, se porte à son secours. » Laissez passer, laissez passer » ! lui jetant un regard significatif et perdu, elle vient de lui faire comprendre qu`il ne pourrait être l`heureux élu.
Un autre, armé de reconnaissance, en souvenir de ce qu`elle a été pour tous et toutes, pour toutes ces âmes qu`elle a nourries depuis plus de deux siècles, une sorte de gigolo s`est soulevé de la foule indécise, et se propose comme l`ultime soupirant ayant toutes les qualités de son aspiration. Celui-là aussi a compris.
» Attendez, attendez » ! A deux doigts près du but, se trouvant dans la scène, s`étant déjà approché d`elle sournoisement, un larron bien connu avait déjà porté les bras autour de sa ceinture, quand dans un soupir de résignation elle allait se laisser embrasser ; mais le temps d`un vertige elle s`est soudain reprise, et aperçoit de loin l`élégance d`un jeune homme au sourire innocent mais d`un regard d`acier, de muscles presque sortis de la peau, durs et dangereux; au front puissant et hardi, qui avançait vers elle en traversant la foule, cette foule désemparée, et lui dit : »Je suis celui que tu cherches ; Promets-moi une seule chose…que tu ne seras plus jamais la femme d`un tyran ».
Dans un élan de virginité amoureuse, accompagné d`un sourire complice et moqueur, elle s`est pété les bretelles emportant avec eux ces souvenirs brûlants que l`histoire retiendra, pour que plus jamais ces dieux venus d`ailleurs ne reviennent nous hanter dans l`ile aux quatre vents.
Ils se sont envolés dans un tourbillon de nuage, vers des lieux inconnus, toujours sur ces montagnes où les nuits de volupté se comptent par éternité pour les vierges amoureuses devenues des anges de Dieu.
Ainsi prend fin un rêve de plus de deux cents ans, pour une femme, pour un homme, pour tous les hommes, ceux qui ont rendu l`âme, ceux qui sont encore en lutte, pour garder dans l`humanité le plus précieux des trésors de ce monde: la liberté.
Que tout le monde danse. C`est la fin d`un cauchemar.
A mon tour, je te réveille. Viens, suis-moi. L`heure est enfin arrivée. Allons danser la meringue du jour : » Haïti pour toujours ».
Je Plaide
16 février 2018
Mike Joseph