Pallier la Pénurie de Préposés aux Bénéficiaires au Québec

Pallier la Pénurie de Préposés aux Bénéficiaires au Québec !

La filière « préposé (e) aux bénéficiaires » constitue une artère vitale dans le processus de soins aux personnes du troisième âge, qui est malheureusement sclérosée aujourd’hui. La création d’une école Haitiano-Canadienne de préposés aux bénéficiaires à Port-au-Prince pourrait aider à pallier ce manque sur le moyen et le long terme.

Les récentes manchettes de la presse locale font état d’un manque crucial de préposés aux bénéficiaires, les centres se livrent à une course effrénée pour recruter du personnel en vue de renflouer leurs effectifs. La préposée aux bénéficiaires a pour mission d’aider et d’assister les patientes et les patients hospitalisés(es) en perte d’autonomie à effectuer différentes tâches de la vie quotidienne comme se déplacer, se laver, se nourrir, changer la literie,  prendre leurs médicaments par voie orale, etc.

Les problèmes résultant de cette pénurie sont cruciaux : des bains sont reportés de deux ou trois semaines, des repas sont incomplets et les cas de plaies de pression sont en augmentation; sans parler du fait que des gens ne peuvent pas avoir leur examen. Le directeur du Centre de formation professionnelle des métiers de la santé à Kirkland, sur l’île de Montréal, Luc Lafrenière affirme : « Nous avons de la difficulté à recruter depuis près d’un an ». Une session de formation qui devait débuter lundi a dû être reportée d’une semaine faute d’élèves. « Et on va finalement avoir 15 élèves au lieu de 22 ». Et plus près de nous, Alain Croteau, président du syndicat à l’hôpital de Verdun, fait état d’un problème circonstanciel, sur 300 postes à pourvoir dans une région qu’il n’a pas citée, seulement 40 CV ont été reçus.

Dans le privé comme dans le public, on n’écarte pas la possibilité de recruter à l’étranger, ce qui semble être une piste de solution acceptable, cependant, il faut prendre en compte les difficultés linguistiques et les soucis liés à l’immigration qui pourraient retarder et alourdir le processus. « On est dans une situation où l’embauche est difficile », a affirmé le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Gaétan Barrette.

La création d’une École, née de la coopération Haitiano-Canadienne, de préposés aux bénéficiaires en Haïti, proche de l’ambassade du Canada, financée essentiellement par le gouvernement canadien est une approche valable qui aura pour bienfait de résoudre les problèmes mentionner plus haut.

Les Haïtiens constituent un peuple vigoureux avec un désir inné de travailler. Francophones et bien formés, ils sont capables de suivre des cours intensifs relatifs au standard canadien et sont prêts à partir, moyennant un permis de travail et une offre d’emploi des institutions qui les recruteraient directement à la fin de leur formation. En marge du contrat d’embauche, il serait fait mention d’une clause interdisant la pratique d’autres activités sur une période déterminée et une augmentation du taux horaire dans le domaine empêcherait le décrochage précoce. Le coût de la formation serait déduit graduellement sur la paie de la préposée après les six premiers mois d’embauche.

Les formateurs canadiens auraient à se déplacer afin d’assurer les cours par module en suivant un cursus préétabli. Ce qui éviterait une complication, celle de devoir laisser le Canada pour aller travailler en Haïti. On trouverait aisément aussi des formateurs épris du chaud soleil haïtien. Heureux, s’ils voulaient y rester, et apporter leur contribution en vue d’aider ces gens-là qui ont donné leurs vies pour nous et dont il nous incombe le devoir de les aider à terminer leur séjour dans la dignité.

Le nombre de préposés qui seraient formés dépendrait de la capacité d’accueil du centre de formation, car les jeunes des deux sexes en Haïti sont prêts à embrasser cette carrière. Ce serait un partenariat gagnant gagnant, et les effets bénéfiques ne tarderaient pas à se manifester.

La population est vieillissante ce qui augmente la nécessité d’une prise en charge valable. Nos vieux ont fait de nous ce que nous sommes. Allons-nous les laisser tomber ? Devrons-nous nous soucier davantage de construire des pénitenciers en lieu et place des écoles de formation ?

Jean Willer Marius

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