Frédérique Surpris ou le miroir brisé de l’insolence

LITTÉRATURE INTERDITE par Daniel Milord Albertini

Un jour à Montréal un homme au téléphone appelle. Il demande pour un autre. Celui-ci fait dans le théâtre. Je reconnais de suite la voix. Frédérique Surpris, « woy lè vwala ». Feuilleton radio de Mona Guérin diffusé autrefois par Radio Métropole à Port-au-Prince. L’homme ignore son message. Il veut savoir qui parle, tic de curiosité du déconcerté. Je refuse évidemment de me présenter, l’homme ne me connaît pas.

Surpris est d’une insolence qu’il camoufle derrière le rideau des arts de la scène. Il fait semblant, joue le personnage. Mais l’homme est profondément désorienté dans une société qui ne lui accorde cette grâce ni ce privilège. Son art qu’il sait pourtant éloquent à son avis. C’est à ce moment précis que je dois découvrir la vraie nature de ce comédien qui joue son rôle dans la vie. Le médecin a perdu l’espoir du scientifique qu’il devrait être. JJD aurait tout investi dans les arts mais sous la mauvaise bannière. Ah ! Jouer Dessalines empereur. Surpris ne pouvait si mal tomber qu’ici au Québec.

Le miroir de l’insolence. Ce n’est pas en critique mais l’observation d’une éducation haïtienne. Elle a su créer des princes sans couronnes au palais. Il n’y a d’ailleurs de palais, Duvalier l’a emporté. Plus de palais. Il s’effondra en séisme, hauteur de prince de Port-au-Prince. Mis à hauteur de pauvre « dérilus » affaissé sous les décombres avec lui. Véritable gifle. On sait qui on est quand le poste de radio à Port-au-Prince capte le feuilleton dans lequel on est plus qu’un rôle. « woy lè vwala ». Le taxi devient gratuit. Le miroir se brise, Montréal accueille. Retourner au Cégep pour faire du théâtre est un drame, vous êtes docteur en médecine. Brisé, le miroir ne reflète plus.

L’insolence n’est ici en critique dis-je, en effet non. C’est l’assurance de passer dans une société, là où l’on est cette élite. Là où l’étranger qui visite s’exécute en révérence s’il veut quitter l’anonymat du touriste. Votre voix fait autorité. Quand cette insolence arrive en monarchie de la GG Simbie, sa
principauté ne tient lieu pour toutes les raison du monde. Allez donc dire à un prince qu’en monarchie on est tributaire du voisin yankee, là c’est un rêve qui s’estompe. L’en informer qu’ici ce prince n’est un prince c’est tout le rêve qui tombe. Car, il se croyait en devoir face à « dérilus » dans cette considération. Rester lui est mortifère, le retour est d’autant plus éphémère. La colère devient névrose. Laquelle le médecin ne sait prescrire. Le bout de miroir brisé offre un numéro en trinôme si l’on se regarde, plus de périscope. On ne se reconnait plus. Rencontrer alors « dérilus » qui sait voyager par la grâce de je ne sais quel saint-Lazard, devient une perle. Dans la vie du miroir brisé de l’insolence. Il est toujours fidèle comme dans un Prince à New-York mais, pour une foto-facebook que le prince finira par lui refuser, de crainte d’un tag persifleur démocratique. Notion dissoute en…

Je rencontre enfin ‘Patrick Mairien’. Croisé au gré de la fortune du transport collectif de la Couronne-centre, un patriote va le rencontrer : activité littéraire. On se partage les lieux avec celle du projet en mutation de Surpris-letamanoir. Il tente de gruger dans la clientèle, il a un projet. La foire d’en haut ignore ce qui se terre en bas. La comédie musicale met en relief l’empereur assassiné sous-estimé. Tic de-prince-chanteur, maître Surpris se trouve un bout de miroir. En la personne de la Martiniquaise tombée en admiration d’après l’homme. La comédie a trouvé preneur. Délire de mir…
dan@danalbertini.net


Cet article est publié par la revue Reflets Magazine de l’édition Sept-Nov et se trouve en format PDF, à cette adresse-ci : https://reflets.online/wp-content/uploads/2017/10/RefletsMagSeptNov2017.pdf

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