Qu’est-ce qui fait peur dans le vaudou: sa force…

Sa force, son origine, ses faiblesses, sa couleur, son histoire ?

Pourtant, si ce n’est le seul, c’est l’un des cultes qui mettent en transe. La force, sans aucun doute, ayant pour origine l’Afrique.

Encore là, si l’Afrique fait peur ce ne devrait pas être aux noirs d’éprouver un tel sentiment.

Cette force à laquelle nous sommes tous liés, et qui nous a propulsés au bois-caïman, lieu mystère de l`Afrique transportée sur l`Ile, à partir de ses sujets mis en situation phare de liberté, transpercés en long et en large, face aux canons et à la mort certaine, pour finalement devenir victorieux sur les forces des ténèbres, quelles sont ses propriétés ? Qu`en est-il de ses faiblesses ?

Il est peut-être vrai que la mémoire est une faculté qui oublie mais, la nôtre, surtout celle reliée à l’époque des guerres pour la liberté, était si vivace qu`elle ne saurait oublier les atrocités de l’esclavage et, encore plus aujourd’hui avec ces scintillements de pleurs et de cris presque tricentenaires, comment troquer cette force légendaire contre une pseudo faiblesse qui n’aurait nullement sa place dans une lutte qui ne se terminera peut-être jamais. Sa couleur détermine sa pureté, sa vivacité et son intelligence. Il ne reste que l’histoire pour nous expliquer la peur du vaudou, observée même chez les noirs que nous sommes.

Cette histoire remonte justement à notre mémoire collective de lutte pour la liberté. Entre ceux qui étaient capturés et ceux qui étaient restés sur les rives à pleurer et crier de toutes leurs forces, face à l`évidence d`une séparation forcée,  de la perte de leurs entrailles, en regardant leurs fils, leurs filles, leurs maris, leurs femmes, leurs pères, leurs mères, leurs cousins, leurs cousines, leurs voisins de toujours s’en aller vers des cieux qu’ils ne verront peut-être jamais. Aujourd’hui encore, loin de ces postures impuissantes, imbriqués comme des sardines dans ces cales de bateau, vers ces îles ou nous avons tant combattu pour enfin gagner la liberté, au prix du sang; affaiblis par la volonté farouche de nos ennemis éternels qui veulent toujours nous garder prisonniers de notre gloire passée; sept fois en vérité nous ne saurions oublier notre devoir déjà éprouvé de convoquer l’esprit qui nous a assisté au bois-caïman, ainsi que tous les autres appelés anges ou démons pour une autre libération, une sorte de réplique, des enfants du bon Dieu.

Ceux qui ont peur du vaudou, sous prétexte qu’ils sont un autre peuple, quand ils sont du même peuple; et parlent de peuple çàa, comme s’ils sont différents sous leurs masques hypocrites et mensongers, à eux-mêmes et aux autres, tout en se fermant les yeux tellement ils sont confus et aveugles; parce qu’ils ne veulent pas voir, n`ont pas vraiment peur. Par leur lâcheté, ces cris et ces pleurs d’autrefois mêles à ceux d’aujourd’hui résonnent encore plus forts en eux, cachés et étouffés par l`indifférence. Sauf que dans leur dessein d’amertume ils n’ont pas encore compris que, si la vérité spirituelle était donnée à l’homme, le créateur aurait déjà mis fin à sa mission. Cette vérité est tellement loin de nous que toutes les religions du monde attendent soit le retour du christ pour ceux qui croient, ou sa venue pour ceux qui n’ont pas cru. Toutes, elles implorent le ciel pour leur libération.

Source de division, d’antipathie, de mensonge et d’hypocrisie, ce n’est point le vaudou qui devrait être mis en cause, c’est plutôt la complicité des uns et des autres avec leurs bourreaux qui doit être mise à l’index, ainsi que l’héritage colonial demeuré vivant dans le cœur, dans le sang et l’esprit de plus d’un, surtout à ces survivants graciés par une erreur de jugement et de fraternité.

Le vaudou dans sa pureté africaine se trouve toujours, sans compromis, dans le mapou et chez la plupart des initiés et des élus. Son affaiblissement réel est égal à la dimension des poussés anti révolutionnaires d’hier et d’aujourd’hui.

Aux yeux des travestis religieux le réflexe discriminatoire sans fondement est associé aveuglément à la couleur du culte vaudou. Ils ne l’admettront jamais parce qu’ils ne savent pas comment expliquer leur adhésion à telle ou telle religion.

A travers la discrimination religieuse, entre elles, les religions, tout indique que les hommes sont livrés à eux-mêmes dans des croyances faites sur mesure. L’esprit de Dieu ne se manifeste pas dans la peau. Jésus est un modèle universel de croyance prescrivant la foi en un Dieu pour tous et jamais au nom de la religion parce qu’il sait que tous les hommes, quelle que soit leur religion, sont des pécheurs.

La Bible est prise en otage, par les nantis qui trouvent leur gloire dans la beauté plutôt que dans la charité. Avec leurs fastes et leurs empires, alors que Jésus lui-même dans tout son rayonnement et sa splendeur n’avait que le verbe et son linge comme apparat, ils n`ont pas le courage de se regarder dans un miroir pour ce qu`ils sont vraiment.

 » Je suis le chemin, la vérité et la vie. » des mots qu`ils ne comprennent pas mais les répètent à longueur de journée croyant pouvoir tromper le monde, et qui finissent par les accuser d`abus et de blasphème. Quiconque ose mésinterpréter cette déclaration est susceptible de parjure devant Dieu car elle inspire confiance.

Ceux qui s’abandonnent aux religions des autres, le font parce qu’elles sont enseignées au nom de la Bible qui pourtant ne recommande aucune religion.

Le vaudou est la religion des hommes qui veulent se prendre en main. C’est l’esprit qui accompagne l’homme dans son existence, dans sa quête de liberté et d’épanouissement, pour combattre ce qui entrave.

La volonté de vivre chez le vodouisant vénère tout ce qui vient de Dieu. Et il demeure conscient que l’être suprême a placé en nous le pouvoir d`intégrer les forces de l’univers, quelle que soit la forme que nous leurs donnons.

Qu’y a t-il de particulièrement mauvais à vouloir les maîtriser ?

Les civilisations vont à l’assaut du ciel et personne ne dit mot.

Nous, nous allons à la rencontre des esprits de l’univers et tout le monde crie magie.

A Dieu ce qui est à Dieu. A César ce qui est à César.

Je ne suis point religieux, mais je sais d`où je viens.

 

Je Plaide

12 mai 2017

Mike Joseph

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