MOÏSE
MOÏSE
ou
« Gouverneurs de la rosée »
suite et version
DEFI
Après avoir conduit tout le village à l’endroit où Manuel avait fait sa grande découverte, Anaïse était retournée à la maison pour prendre soin de sa grossesse en herbe.
Tout le monde s’était mis au travail, à creuser le sol presque comme la distance observée par les secondes d’une horloge. Des canaux d`irrigation allaient de la source à presque chaque clôture d’habitation. Et l’eau coulait en abondance.
Les épis de maïs ainsi que tous les produits de la terre, qui jadis faisaient la fierté du paysage, sortaient leur bougeons et reprenaient jour après jour leurs élans jusqu’à l’heure de l’éclosion.
Un vert orgueilleux de bonheur avait vu le jour après des années de sécheresse.
Cela faisait neuf mois déjà depuis que les activités allaient bon train dans le village. Elles étaient si intenses que les curieux et les gens de partout venaient se mettre à l’ombre et profitaient de l’abondance dont jouissaient les villageois, les cultivateurs et leur famille.
Après le temps de grossesse, suite aux étreintes de Manuel et de repos bien mérité, Anaïse mit au monde un garçon de 12 livres, presque tout vert de santé. C’était la fête.
Le fils de Manuel était accueilli presque comme le messie dans la conscience des paysans. Tout le monde en parlait. Il était fort et beau comme son père, pour ne pas dire plus beau.
Quand on demanda à Anaïse le nom qu’elle allait donner à l’enfant, après un long soupir, elle répondit : MOÏSE.
C’est très Citadin pour un villageois. Pourquoi MOÏSE ?
Elle répondait:
N’était-ce la venue de Samuel dans ce village, l’eau ne serait jamais revenue, et nous finirions tous par mourir ou l’abandonner, comme c`était le cas pour plusieurs de nos compatriotes. L’eau nous a ramenés à la vie contre la haine et la misère. Cet enfant que j’ai porté dans mes entrailles, fils de l’homme que j’ai aimé, le premier, doit porter le nom de celui qui sauva les habitants de la terre lors du déluge. Moise était son nom;.l’eau était sa demeure. Et c’est par elle qu’il a sauvé le monde. Il continuera son oeuvre en la personne de mon fils. Telle est ma croyance, telle est ma foi : Celle de la terre promise.
MOÏSE avait grandi et connut une enfance heureuse.
La réputation de son père était comme une marque tracée sur son front. Il était adulé, presque vénéré par tous et vu comme un dieu tombé du ciel.
A douze ans, par sa force de caractère il commença à regarder l’horizon plus loin qu’il en avait l’air.
Un jour il entendit à la radio une chanson qui venait d’attirer son attention. C`est confirmé ! Il a écouté la chanson de Yvon Louissaint, titrée » Léogane, l’un des chanteurs les plus percutants de notre terroir, malheureusement non retenu dans nos annales, accompagné par le fameux orchestre des frères déjean; avec une telle attention qu`il s`est endormi.
Chanson.
La révélation était trop ponctuelle par rapport à ce qu`il cherchait à savoir. Il vient de recevoir le message qu’il existe d’autres plaines et vallées, derrière ces mornes et ces arbres majestueux qui entourent sa demeure. Il va tenter de réaliser, peut-être plus que ce que son père lui avait légué par intuition.
Le lendemain, il dit à sa mère qu’il aimerait faire le trajet qui mène vers Port-au-Prince.
Anaïse lui répond sans réfléchir : » Je t’accompagne ou tu veux mon fils, je connais ta mission « . Ce que tu as dans la tête ne pourrait être moindre que ce que ton père m’a inspiré depuis le jour de notre rencontre.
Merci Maman.
Le voyage a eu lieu, et MOÏSE n’a pas cessé de poser des questions, comme il les avait entendues à la radio » Sa sa yé sa « .
Port-au-Prince était à l’époque un joyau dans les caraïbes.
Avec son histoire et sa vivacité elle était la fierté des citadins.
( Toutes les belles histoires documentées de l’époque)
Une fois de retour, le rêve de MOÏSE était d’avoir son cheval, un cheval de race avec lequel il allait sillonné monts et vallées.
De plaine en plaine, il allait faire le tour et annoncer à tout un chacun que l’heure du kombit était arrivée: L’HEURE DE LA RÉCONCILIATION.
A suivre.