HAÏTI PRÉSIDENT MARTELLY OU LES 7 VEDETTES
par Dan Albertini – La révolution des compères cède à une nouvelle ère. Celle de la culture, celle de la musique et, celle des Stars. Gageons qu’elle réussira mieux que celles des premiers soldats guerriers, celle des derniers généraux déchus, que nous ne resterons plus dans les souhaits ni dans les hypothèses. Et pour cause, le calcul de la fin agrégé au calendrier Maya cédera la place à une nouvelle arithmétique. À un nouveau départ, celui de l’Année carnaval pour changer. Cependant, nous pouvons accorder aucune certitude au Président Martelly dont les 7 commissions sont un incontournable. La République vivra une nouvelle ère, c’est un impératif. Mais, pour combien de temps, cela dépendra de l’agencement du Président Martelly ou les 7 vedettes.
Le mois d’août prochain marquera trois ans depuis que nous avions publié Haïti la nation a besoin de Stars. Certains disent aujourd’hui que la »prophétie » est accomplie avec l’arrivée de Michel Martelly à la tête de l’exécutif. C’est une interprétation justifiée mais un peu réducteur. Cependant que nous avions pris la précaution de préciser que c’est au niveau de 1804, loin d’un instinct frivole du showbiz. Nous parlions aussi des armes de la culture réclamant la place à l’instinct guerrier dérivé de la bataille pour l’indépendance. Nous avions conclu que le peuple haïtien ne marcherait jamais dans la formule des autres de l’international, malgré le fait de ses besoins primaires non satisfaits. Ce serait son propre canevas qui lui conviendrait. Nous admettons bien, que l’élixir évoqué est au rendez-vous, dans ce calendrier-ci. Martelly saura t-il répondre à l’appel ? Il lui faudrait d’abord proposer autre chose que des compères en selle. D’où les 7 commissions des 7 vedettes. Merci d’y croire !
Martelly ou le pont de l’audace
Comme première vedette, l’érection du pont de l’audace est-elle à venir. Où Martelly a-t-il croisé les fers du pont de l’audace pour se faire élire président, cela importe peu ? On pourrait partir de Lèlène chérie la révélatrice, de Toto Nécessité le samaritain, ou de Coupé Cloué le prédicateur. C’était en soi la première commission qu’il a réussi. Martelly s’était rapidement adapté en profondeur au canevas typique haïtien pour bâtir un répertoire musical. Martelly érigeait ainsi sans le savoir, un monument essentiel pour la culture haïtienne. Rassembleur, ses reprises ramenaient les désespérés du sort sur le tapis rouge. Il s’est ainsi bâti un pont de l’audace avec toutes les couches sociales sur un axe adoucisseur et adoucissant.
Il s’est aussi choisi deux éléments cibles pour asseoir la polémique et démontrer sa rupture avec un circuit qui excluait. T Vice des jeunes frères Martineau a payé le prix avec la famille Alkal. Son dernier et non le moindre, se trouvait en la personne de Wyclef Jean. Il formait ses 7 éléments pour la musique, en passant de l’agressivité à la réconciliation, un élément improbable en politique haïtienne calquée sur les généraux guerriers.
Martelly marquait un point important dans l’imaginaire haïtien, instruisant ainsi une grande des 7 vedettes. La musique comme pôle d’attraction lui a offert la clientèle des compères mais sans les incontournables compères, la symbolique de la segmentation haïtienne comme société. C’est aujourd’hui une traversée pour cinq ans avec un mandat confortable. Martelly c’est l’érection du pont de l’audace, c’est aussi la détermination des 7 commissions de la première vedette.
Rassembler pour réconcilier en adoucissant pour bâtir, passant par un pont qui relie la République à la Nation.
Martelly une tour de communication
Câbles et satellites, câble ou satellite mais pour dire quoi ? En quoi consiste le message quand Martelly parle de vrai changement, une formule éculée. Quand la nation est à bâtir, quand la République vit encore dans le marronnage. Les horizons sont verts et bleus, verts ou bleus ? Cela dépendra de l’angle de vue non du point de vue. L’observatoire se déterminera en vertu d’une simple virtualité qui offre une illusion, c’est la star frivole et éphémère. Celui de l’hyper connectivité sur une base plutôt numérique sera efficace mais inclusive. Ce sera sa force, mais quel est le langage adopté à ce jour ?
L’heure Martelly, il est six heures trente. Une 1/2 avant l’angélus ou 1/2 après le dernier quart du jour ? Cela dépendra, mais il est au vert c’est l’heure où tout passe.
Quand, jusqu’où et à quel rythme fonctionnera l’horloge Martelly ? S’aligner sur Hollywood est une option rentable si Martelly trouve ses 7 vedettes à interpréter. L’Américain dans quelle circonstance, l’Européen dans quelle circonstance, Mandela et pourquoi, Clinton et Mandela dans la demande et l’offre du pardon, Berlusconi mais comment, le président chinois et Lula sur quelle pente ? Seul Hollywood peut offrir HAHollywood et garantir le flash nécessaire pour faire tourner le plateau, une adaptation raisonnable pour les Haïtiens.
Showbiz, Martelly se dit Républicain Haïtien, mais le Palace et le »flag » sont d’une autre République.
Le protocole Martelly suivra t-il celui du standard américain ou, verra t-on un président Clinton renter dans le jeu du Compas, danser aux côtés du président Martelly, mieux qu’il l’aurait fait chez Jacob Zuma ?
Obama trouve t-il les feux verts pour visiter Haïti maintenant, ce serait un symbole important pour la compréhension de ce qui devra se passer à la fin du mandat Martelly. Wyclef sera-t-il l’ambassadeur culturel qui l’accompagnera puisqu’il l’a côtoyé aux USA même ?
Martelly se trouve effectivement dans une nouvelle ère mais, loin de l’avoir provoqué, c’est un changement que nous apporte l’histoire, elle a convoqué dans son ensemble. Lescot et les débuts de la première guerre mondiale ont été confrontés à ce choix dans le temps, avec l’émergence et la chute du régime nazi. L’économie faisait défaut et le Reich fonçait sur une Europe affaiblie, même l’Angleterre y passait. La récente crise financière n’a trouvé aucune solution chez les politiciens de ce monde dont les réflexes prédateurs et dangereux, suggèrent l’économie de la guerre en faveur du butin du guerrier. Les Etats arabes paient aujourd’hui le coût de leurs imprudences, d’une part l’établissement de régimes corrompus et criminalisés en quête de légitimité à l’étranger. Et d’autre part cette quête de légitimité les a conduite à s’armer contre leur propre peuple et pour se combattre entre eux aussi. C’est ainsi que par la faiblesse de former un bloc solidaire, divisé et collabo, l’OTAN s’est fourni le prétexte de la légitimité de frappes pour protéger les populations civiles qui sont de préférence victimes de ce que le président Bush appelait effets collatéraux de la guerre.
Haïti dans son contexte trouvera ce sentiment qui nous avait poussés à pratiquer la politique de la terre brûlée après la guerre de l’indépendance, par les déclarations de Mgr. Bernadito Auza, Nonce apostolique en Haïti. Le Nouvelliste l’introduisait dans une entrevue exclusive qui définissait une nation syncrétique. Les plans du Vatican pour Haïti sont loin de l’indifférence des deux rôles du Nonce Bernardito. Nous l’avions souligné lors de l’arrivée de l’archevêque Guire Poulard qui n’a manqué d’y répondre dans son discours d’intronisation.
La mouvance de l’histoire a souvent amené des élans de recherches d’identité et de référence, faute de quoi, l’homme plonge toujours dans ses bas instincts. L’actualité nous prouve que le capitalisme américain traverse sa plus grande crise existentielle, faute d’adversité idéologique, nous l’avions dit en 2002 et en 2004, si l’Amérique ne se recrée pas, elle chutera par l’émergence de la Chine. Haïti a toujours été une République contributrice dans ses révolutions internationales, elle peut contribuer par son instinct créateur, à aider à renouveler l’Amérique, en même temps se protéger de l’absence d’une force armée professionnelle, car les indices internationaux démontrent clairement la faillite de la France qui se cherche des petites victoires continentales pour pallier à ses faiblesses politiques domestiques. Elle s’est déjà servie de la République Dominicaine pour tenter de réduire Haïti. Le président Martelly a raison de partir à la recherche d’un état fort accompagné de nos frères dominicains. Le Vatican en ce sens ne serait pas plus saint dans ses intérêts. Le symbolisme américain n’a jamais empêché Haïti de garder son sentiment nationaliste même sur le territoire américain, contrairement à l’Europe qui semble vouloir profiter de cette faiblesse américaine pour tenter de se réintroduire en profondeur en Haïti.
Martelly devra trouver rapidement ses axes pour les 7 drapeaux qui flotteront dans le nouveau ciel haïtien. Ce sera 7 commissions internationales pour sept drapeaux en échange, showbiz ou pas l’Amérique a besoin de nous et devra être la première. C’est un service, c’est une spécialité.
L’horizon Martelly : coucher ou lever de soleil. Un indice illisible, la cité est encore dans le noir.
La cité a faim, elle est dans le noir et sous les tentes du 12 janvier 2010. Une lueur s’inscrit à l’horizon mais peut s’assimiler à ce jour, à un coucher définitif du soleil d’un nouveau jour dépassé, comme à un soleil levant pour un jour nouveau, d’où la nuance.
Notre blé est le riz, il n’est plus en abondance. Notre eau vient souvent des ouragans, elle est incontrôlable. Notre or est le dollar qui vient de la Communauté Haïtienne Internationale, il est lourdement taxé. Nos savants sont américains, canadiens, français, cubains, etc, ils ont cédé la place aux ONG. Nos communications nationales sont maitrisées par des étrangers, l’or part ailleurs. La politique ne fait plus école, elle est dépassée sans se recycler. Notre souveraineté était acquise mais elle est atteinte. Le paysan aurait un président mais pas de représentants aux chambres.
L’économie du Droit dans la pensée Martelly
Duvalier et Aristide, représentent un indice de bonne volonté du nouveau président dans un contexte d’amnistie réelle. De différentes écoles, ces deux figures, si elles se réconciliaient pour la Nation, ce serait beaucoup plus motivant pour une réconciliation nationale en faveur d’une Nation riche en diversité mais symétrique dans sa fondation. La question se pose cependant sur la motivation du président Martelly qui voudrait gérer autrement, présider sans contentieux du passé. Quel est le prix que devra payer la population dans ses attentes, le citoyen dans ses droits ? L’économie du droit propose effectivement un renvoi sine die de certains procès judiciaire, mais sachons que c’est faire de la politique et, cela a un coût.
Si l’économie du droit évoquée corrobore sa proposition, elle est d’autant plus salvatrice dans cette conjoncture quand la souveraineté était menacée par la proposition des Nations Unies qui s’apprêtait à ouvrir le judiciaire haïtien, à toutes les 192 Nations onusiennes. Une autre boîte de pandore qui ne se fermerait jamais.
Le président Martelly mise gros sur le sentiment nationaliste en cassant court cette indécence du président sortant, même si le citoyen risque de gérer son chagrin de justice personnelle perdue. Le Président Martelly devra cependant controverser la donne en instituant la série des grands procès de l’histoire avec les sept vertus du droit historique : procéder contre l’esclavage, contre le Code noir, la présidence, l’injustice…. C’est là la 6ième vedette.
La République et la Nation
La Nation haïtienne vaincra telle la République de Port-au-Prince en lambeau, profitant de cette conjoncture pour s’étendre avec Martelly ? Ce n’est pas l’odyssée mais, comme l’armée sanguinaire écartée du budget national tout en restant dans la constitution, Port-au-Prince après le 12 janvier 2010, offre pour une fois au reste du pays, l’opportunité réelle d’un changement radical et étendu.
Les sept vedettes sont : l’heure, la Nation, le droit, l’horizon, la communication, le pont de l’audace, Carrefour autonome. Port-au-Prince devra jouer son rôle politique et céder à Carrefour autonome le rôle de pôle économique. La bourgeoisie comme l’aristocratie devront faire plus que passer, mais devront s’y arrêter pour faire des affaires.
À bon entendeur salut. … suite… à venir Int/26-04-2011