L’affaire Shoubou à l’Olympia
Une grosse controverse, telle est la proportion que prend le passage du chanteur vedette de Tabou Combo, à l’Olympia. Une première rumeur voulait que 3200 spectateurs aient assisté au spectacle. Le chanteur l’a lui même démenti, la salle ne peut contenir que 2400 personnes assises. D’autres rumeurs voulaient qu’il y ait eu seulement 400 à 500 personnes. Certains se demandent si ce nombre ne signifient pas seulement la présence haïtienne. Si les anales critiques de l’Olympia n’ont encore sorti de notes sur le show, le forum Sol2zouk dévoile des discussions entre certains spectateurs qui y étaient. À ce titre, nous reproduisons exactement le contenu de discussions très intéressantes.
Auteur: un Dj. date: 10-01-2003 21:20 – Je reviens du concert de Shoubou à l’Olympia, bilan positif . Mises à part les interventions répétées d’un parasite de pseudo journaliste sorti d’on ne sais où, sensé chauffer la salle (mais qui a plutôt exaspéré tout le monde notamment par sa suffisance) ce fut un succès . Après des débuts un peu froid, où je l’avoue j’ai failli m’endormir, dus notamment à la succession d’extraits de son dernier album foncièrement orienté troubadour (mais plutôt style cadence lypso des années 70). Il a fallu l’intervention de la chanteuse Cheela accompagnée de ses danseurs survoltés et surtout celle de Eric Négritte avec son Coooooooooo malad‘, cooooooo à lopital pour que le show passe de la mélancolie du shoubadou à l’authentique Shoubou. On a eu droit à un bref mais rapide passage en revue des titres les plus chauds de tabou combo, mabouya en tête, qui a ému un public nostalgique dont la moyenne d’âge devait frôler les 50 ans . Mais quelle importance ? A l’heure où beaucoup se demandent si le zouklove a encore un avenir, le compas, lui, a encore une fois mis tout le monde d’accord, jeunes et moins jeunes …
-Re: Shoubou à l’Olympia. Auteur: for mi . Date: 11-01-2003 08:50 . c’était pas ça du tout pour ne pas dire nul de chez nul cet Olympia de shoubidoubadou (quel dommage)!!! .
– Re: Shoubou à l’Olympia . Auteur: media Date: 11-01-2003 12:49 . tu parles trop, idiot ! tico Pasquet à la batterie, ti plume et Jean-Claude Jean aux guitares, Yves Abel à la basse etc… no comment, et vas changer tes oreilles sourdingues car ce fut vraiment TOP !!!
La bataille est bien engagée entre les fans du chanteur vedette et ses adversaires. D’autre part, plusieurs commentaires nous sont parvenus, voulant que Jo Archer et Dominique Sylvain aient déjà fait l’Olympia dans le passé. À ce stade, nous pouvons dire que certains instrumentistes et producteurs haïtiens ont laissé des traces, en accompagnant des groupes étrangers. Cependant, s’il faut en juger par l’appartenance haïtienne, l’humoriste Anthony Cavanagh s’y serait déjà produit en juin 2001 et le film de Raoul Peck sur la vie de l’ex-dictateur Mobutu aurait été présenté aussi en 2002. Tandis que les détracteurs de Shoubou crient à la pédanterie, les admirateurs évoquent la jalousie. Les intrigues vont bon train et alimentent la machine du show biseness. Il est évident que ce passage à l’Olympia n’est pas tombé dans les oreilles de sourds chez les Haïtiens. La nouvelle semble avoir fait d’autres adeptes puisque la rumeur court déjà sur une potentielle performance de Jo Trouillot, un des patriarches.
Pour reprendre un commentaire sur Henry Salvador originaire de la Guyane, malgré sa grande réputation aurait fait l’Olympia à 83 ans: mieux vaut tard que jamais! La vie d’artiste étant une conjonction de performance et de chance. La leçon à tirer serait de préférence du domaine du show biseness; ne pas imposer aux spectateurs des intrus qui ne font parti du menu. À chacun son domaine. À en juger par l’intrusion du même pseudo … sur le podium du Black Achievement Award au début de l’hiver, l’appréciation du public n’était guère favorable au groupe présenté. C’est là aussi un facteur important qui ne devrait pas échapper à l’attention des artistes qui se cherchent des présentateurs. Nous continuons cependant à suivre le dossier qui d’après l’intérêt déjà suscité, risque de faire encore beaucoup de vague au sein de la Communauté Haïtienne Internationale. En attendant, les préparatifs pour la réplique exacte du show à Montréal en mars prochain sont en marche. Plus de 1800 sièges attendent les premiers preneurs au théâtre St. Denis ll.
La petite histoire – Notre expérience de la culture musicale haïtienne nous avait mis la puce à l’oreille en écoutant la musique intitulé lakay chanté par Shoubou. Nous avions anticipé sur l’avenir et l’avions qualifié de plus dynamique de toutes les chansons traitant sur le sujet Haïti. Dans un premier temps nous l’avions testé auprès de deux ressources d’horizon différente. L’artiste peintre Houmano Eustache pour son bagage émotionnel et l’animateur bien connu Steve Jecrois pour son esprit critique dans le métier. Nous avions voulu identifier l’origine et la nature des émotions qui traversent cette chanson par le biais d’un autre médium. Aussi, nous avions voulu mesurer l’intensité des émotions qui, une fois traversées, se logeaient chez le public, c’était avec Steve Jecrois. Notre objectif était de produire un article sur le chanteur et sa chanson, loin de savoir qu’il ferait l’Olympia dans les jours à venir. Alors, Houmano Eustache connu pour son attachement inconditionnel à l’orchestre Septentrional s’est laissé aller jusqu’à reconnaître une originalité particulière à la chanson lakay.
– C’est de la création à l’état pure disait-il sans avoir su auparavant le comment de cette chanson.
– C’est l’âme même du pays, continua-t-il.
Steve plutôt connu pour son attachement à la musique salsa et meringue, avait sans hésité, dévoilé un intérêt particulier pour cette chanson.
– différente, disait-il. Entre temps nos recherches nous avaient conduit à l’Olympia et à la résidence du chanteur vedette. Depuis lors, nous avions compris qu’une grande controverse se préparait. Elle a réellement éclaté.
Notre opinion – Il est indéniable que la chanson lakay dégage une nouvelle facture. Mieux une facture renouvelée du troubadour. L’essence même de la musique haïtienne. Sa thématique fait appel à une nouvelle façon de penser pays, plus qu’un potentiel retour, c’est le fait d’être là. Finit la nostalgie d’un retour mais bienvenue aux visites répétées. Elle renoue aussi avec la composition spontanée et idyllique, le naïf qu’on retrouve aussi dans la peinture haïtienne et la jovialité qu’impose cet ensemble naturel. Elle est tout aussi accueillante, reposante que rassurante. Mieux que la musique razin zentraye plutôt adapté à des rituels vaudou, le troubadour et une lecture sociale (ti paris) qui descend d’une pratique des griots. Un cocktail si accueillant à l’aéroport internationale du pays. Une musique entraînante qui charmait même les touristes étrangers. C’est une musique naïve, sans prétention et non agressive qui fait passer l’histoire du pays avant la technologie des instruments. Chez Shoubou, cette démarche répond à un besoin profond d’identification, après toutes ces années vécues dans la quête de la performance, en terre étrangère. Cela n’évacue pas pour autant le besoin de partager avec d’autres cultures musicales. Si Shoubou s’investit réellement sur cette voie, il est certain que sa réputation apporterait un plus à la valeur musicale de cette gamme qui redevient de plus en plus populaire même chez les Cubains. Cependant, le véritable test d’appréciation, que ce soit à l’Olympia ou au Théâtre St. Denis ll, demeure encore aujourd’hui, le supplémentaire. C’est là le véritable verdict du public.