le Canada et la Coopération Internationale
LE CANADA ET LA COOPÉRATION INTERNATIONALE
Le Premier ministre du Canada, monsieur Jean Chrétien, fidèle à ses habitudes a toujours été perçu comme un provocateur en politique. Cependant, très nombreux sont ceux qui partagent une autre opinion et le voient plutôt efficace en politique. Ses dernières sorties sur les tribunes internationales n’ont pas manqué de faire des vagues. Certains politiciens canadiens ont même été ébranlés par la rigueur et le caractère révolutionnaire de ses déclarations. En fait, le discours sur la pauvreté a été perçu comme une mise à l’index des grands pays industrialisés et des États-Unis d’Amérique en particulier. Les raisons qui ont pu pousser monsieur Chrétien à de telles déclarations sont certainement multiples, et, de là, difficiles à cerner. La véracité de ces déclarations par contre pourrait faire l’objet de sérieux remous ce, au sein même de la communauté internationale. D’un autre côté, l’hypothèse de la fin d’un mandat controversé aurait pu le pousser à se détacher de la traditionnelle hypocrisie de la diplomatie et du politique, ce dans le but de gêner son successeur potentiel, Paul Martin. Mais, Chrétien, aurait-il dit vrai ? Nous avons rencontré plusieurs personnalités dans le milieu de la diplomatie et certains coopérants canadiens qui sont originaires de pays étrangers. Les déclarations surprennent. Nous les avons comparés avec ce qui se fait au Canada au niveau de l’approche d’intégration des immigrants. Le docteur Aroll Exama (pour l’extérieur) et le cinéaste Léonce Ngabo (pour l’intérieur) nous ont parlé en toute confiance.
Agronome de formation, Docteur Exama travaille dans le secteur des recherches et de leurs applications scientifiques dans le domaine des Sciences des aliments et de Nutrition. Il a déjà participé à plusieurs séminaires de formation en Afrique, plus précisément au Maroc et au Sénégal. Il collabore avec des scientifiques de ces pays-là dans le cadre de projets financés par la coopération canadienne. Il intervient dans le domaine de la conservation des aliments et tout ce qui y est rattaché. On parle de microbiologie, d’emballage, etc., sans oublier la sécurité du produit pour la santé du consommateur. Cependant, la spécificité de chaque produit et du climat dit-il, sont des facteurs importants au niveau de l’expertise. C’est là où toute la différence se fait sentir dans l’approche des coopérants. La politique de chaque pays amène à une certaine perception des vis à vis qui défavorise les pays du tiers monde et encore plus les pays pauvres. La reconnaissance des expertises n’est pas une chose automatique que dire d’être acquise. L’accueil réservé aux coopérants peut être très significatif. À ce titre-là, les experts français jalousent ceux du Canada qui, en comparaison, sont accueillis sur le tapis rouge, nous dit Docteur Exama.
Le docteur Exama a déjà suivi lui-même un stage de formation aux États-Unis alors qu’il était directeur par intérim d’un centre de recherches au Nouveau-Brunswick opérant dans le domaine des produits marins comme la morue et le hareng. À l’entrée en vigueur d’une norme américaine qui allait s’imposer sur le plan international, Il était le seul à l’époque à bénéficier de cette formation qui lui a valu de pouvoir fonctionner comme instructeur qualifié pour la FDA (l’agence américaine qui réglemente les aliments aux États-Unis).
Depuis l’obtention de sa maîtrise à l’Université Laval, il n’a cessé de côtoyer des collègues scientifiques canadiens qui dit-il, partagent une vision plus respectueuse de la coopération internationale. Les compagnies canadiennes pour la plupart offrent leurs expertises dans le but de décrocher de gros contrats certes, mais elles sont moins agressives que les compagnies américaines dont la tendance générale est plutôt de s’accaparer des marchés en n’intégrant aucun système d’échange ou de reconnaissance locale. Docteur Exama nous dit avoir été très surpris de rencontrer des scientifiques de certains pays comme le Maroc, le Sénégal, qui possèdent une large expérience comme ceux du Canada. Cependant, leur carence se trouve au niveau des moyens insignifiants. Ces pays ne disposent pas assez de budget pour acquérir le matériel nécessaire qui est très dispendieux. Il ne peuvent donc travailler à l’échelle industrielle à la hauteur de leur compétence, ce qui pourrait leur permettre de concurrencer les pays riches. Trop souvent cela se passe au détriment de leur industrie locale. Le Canada nous dit-il est plus humain, vu sous cet aspect là, il partage avec les autres pays.
Père de trois enfants, ce scientifique d’origine haïtienne vit une vie très paisible en banlieue de Montréal. Sa femme Carole, une Québécoise blanche pratique la profession d’infirmière elle-même. Il partagent ensemble une vie très humble avec leur communauté religieuse qui ignore tout sur la nature de son travail de scientifique. Docteur Exama qui, pendant ses fins de semaines, travaille depuis quelques années sur une formulation minérale à vertu antibiotique nous a expliqué la simplicité des choses qui sur le marché international deviennent sujettes à des obstacles insurmontables à cause de la haute finance. C’est une question de plusieurs milliards de dollars américains qui sont en jeu. Alors là tout n’est pas permis. Tout ne peut être dévoilé, les compagnies qui financent les recherches imposent le respect du secret industriel même aux chercheurs qui trop souvent dépendent de la générosité de ces multinationales. Docteur Exama nous dit que malgré tout, l’approche canadienne est encore plus humaniste même là encore. C’est en ce sens qu’il s’est retrouvé plus privilégié que ses confrères belges et français, en Afrique. Ces notions peuvent aider à comprendre la prise de position du Premier ministre, Chrétien, lors du sommet du G8 à Kananakys en Alberta en juin dernier. Il défendait une politique plus coopérante en faveur de l’Afrique. Docteur Exama qui est originaire d’une région très fertile d’Haïti, la ville de Jérémie a développé de très tôt chez lui, le goût de la verdure qui est très sacrée au Canada. Il a obtenu son doctorat en physiologie post-récolte, un domaine appliqué de la biochimie, ce qui lui a ouvert des portes sur des connaissances scientifiques très recherchées par les pays en voie de développement. Ici même au Canada, le nombre de chercheurs est très limité à cause du manque d’intérêt ou de patience développé par la clientèle universitaire. Cela demande un engagement total et des efforts énormes nous dit-il. Il rencontre souvent de jeunes entrepreneurs qui n’ont pas nécessairement les moyens de partir en affaire ici même au Canada. Il leur apporte une aide et leur fournit un soutien technique afin de leur permettre une meilleure intégration dans le domaine de la conservation sécuritaire. (Interrogé enfin sur l’affaire de la cire utilisée sur les fruits comme la pomme et certains légumes, il nous explique que tout est une question de dosage). C’est dans cette foulée qu’il nous a présenté un article sur les soudaines vertus santé du vin, qu’il a signé. (voir rubrique: le vin est-il bon pour la santé)
Docteur Exama a conclut en disant que le Premier ministre, Chrétien, avait peut-être raison dans ses déclarations, car le problème de sentiment de supériorité est moins élevé au Canada que dans la plupart des pays industrialisés. C’est du moins une perception qu’il partage avec nous.
Nous avons poursuivi nos recherches sous un autre angle tout à fait différent de la conservation alimentaire et aussi au niveau de la coopération internationale. C’est la vision interne du Canada qui nous a intéressés afin de mesurer le degré de démocratisation du Canada de Jean Chrétien. Le cinéaste Léonce Ngabo, originaire du Rwanda lui-même, nous dit avoir été étonné de découvrir la volonté du gouvernement canadien dans l’approche participative qu’il veut instaurer au niveau de la culture. Plusieurs cinéastes des minorités visibles se sont rencontrés dernièrement à Toronto au Stand Firm Forum. Un cadre formation et de partage de compétences. Léonce Ngabo nous dit qu’il croyait que le terme de minorité visible était attribué seulement aux Noirs. De ce fait, il ignorait que d’autres communautés pouvaient bénéficier aussi des politiques en faveur de ces groupes-là. Certains attendaient leur juste part tandis que d’autres s’accordaient avec les politiques en vigueur et les premiers voyaient toujours les portes fermées. Après avoir assisté à ce séminaire organisé par le ministère de la Culture à Toronto, le cinéaste Léonce Ngabo a complètement changé. Cette mise à niveau a modifié son attitude vis-à-vis de la politique canadienne. Il parle maintenant de la vision humaniste du Canada. Arrivé au Canada depuis 1996 seulement, il a vite compris que tout était dans la manière de faire et que cela faisait toute une différence dans les recherches de financement. Trop souvent les choses se passaient entre amis au niveau de l’administration des organismes ou des entreprises culturelles. La notion de transparence était carrément absente dans l’administration de ces entreprises-là. Les coffres du trésor ne s’ouvraient pas et le blâme tombait toujours sur le ministère de la Culture. Il réclamait du ministère, ce qu’il n »était pas prêt à faire lui-même. Il l’a appris récemment avec plusieurs autres et sa vision des choses a changé. Le Canada malgré certaines faiblesses, a une meilleure politique du partage, nous dit Léonce Ngabo.
Le cinéaste Léonce Ngabo concluait en disant qu’il avait choisi le Canada comme terre d’accueil sans savoir précisément pourquoi. Aujourd’hui, quand il voit ce qui se passe dans le monde, il dit ne pas être prêt à quitter ici pour aller vivre ailleurs.
Cette culture démocratique du Canada est la même dans l’approche externe vis-à-vis les partenaires à l’étranger que dans les relations internes pour le partage des richesses. L’ONU n’a-t-il pas classé le Canada parmi les trois premiers pays au monde où il fait bon de vivre. Le Canada réclame cette transparence et opte pour le partage des cultures comparativement à la France, les USA etc. qui imposent la leur sans permettre une émancipation réelle des autres pays pour ne pas dire qu’ils étouffent même leurs partenaires. La Belgique, l’Angleterre et bien d’autres partagent cette image d’envahisseur.
Notre approche est loin d’être analytique, elle se réclame de l’observation seulement. Mais certains faits peuvent parler d’eux-mêmes. Cela nous permet de mieux comprendre la frustration du Premier ministre, Chrétien, face à l’arrogance d’un Georges W. Bush qui n’hésite pas à piétiner les principes élémentaires du respect des autres. Ceci au profit des USA seulement. C’est peut-être la façon du Canada de crier gare comme l’ont déjà fait le défunt Trudeau en faveur de Cuba et, Bryan Mulroney dans le cas du coup d’état militaire en Haïti du général Cédras.
Dan Albertini
Le vin est-il si bon pour la santé ?
Les nombreuses études portant sur les effets néfastes de l’alcool ont, dans les dernières années, modéré la soif de plus d’un pour les boissons alcoolisées. Touchés à un degré ou à un autre, les fabricants de vin ont recours à toutes les stratégies possibles pour garder leur part de marché. Certains ont cherché et »trouvé » dans la science même leur argument de vente.
Depuis récemment, en effet, les Français, premiers producteurs de vin au monde, ont découvert, comme par enchantement, les vertus médicinales du vin. Ce nouveau credo a rapidement traversé l’atlantique pour donner au vin une autre image dans les médias et en bout de ligne sur la table de certains consommateurs qui seraient tentés de tourner le dos à l’alcool. Cependant, quand on analyse de plus près les publications scientifiques qui supportent de tels arguments, il apparaît évident que la méthode d’interprétation relève plutôt du marketing que de la science.
La célèbre revue française (étrange coïncidence) Sciences et Avenir, concluait ainsi un article sur les vertus du vin à prévenir les maladies cardiovasculaires: “ .. Si vous n’aimez pas le vin, buvez donc du (pur) jus de raisin; il a les mêmes propriétés. Enfin, presque.” Tout le marketing est là, condensé dans cette dernière phrase ainsi formulée pour attribuer au vin d’abord les vertus santé. En effet, avant la fermentation qui donne le vin, on a affaire à du jus de raisin qui contient déjà tous les principes actifs responsables de ces vertus médicinales. Donc, la revue, pour être objective, aurait dû écrire: “le jus de raisin a des propriétés de prévention des maladies cardiovasculaires qui ne sont pas détruites par la fermentation qui donne le vin”.
Une telle interprétation, plus scientifique et plus honnête, ne fait évidemment pas l’affaire des producteurs de vin, puisque l’attention est portée sur le raisin d’abord. Cependant, elle faciliterait le choix de ceux et celles qui voudraient bénéficier des vertus médicinales du jus de raisin tout en évitant les effets néfastes de l’alcool.
Dr. Aroll Exama, Ph D.
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